Dimanche 28 janvier

Il enseignait avec autorité 4ème dimanche du Temps Ordinaire

« Il enseignait en homme qui a autorité » (Mc 1, 21-28)

Les textes du jour

Homélie du Père Roger HÉBERT, recteur du sanctuaire diocésain Notre-Dame-de-Laghet

Vous vous rappelez sans doute, quand on était à l’école, parfois on nous donnait un texte et il fallait lui trouver un titre. Si on me demandait de donner un titre au texte d’Evangile d’aujourd’hui, je proposerais volontiers : Quand Jésus fait un tabac à la synagogue de Capharnaüm ! C’est sûr que sa première sortie assez officielle ne sera pas passée inaperçue car c’est bien la 1ère sortie officielle de Jésus qui nous est racontée dans ce texte. Nous sommes au 1er chapitre de l’Evangile de Marc, cet Evangile que nous lisons tout au long de cette année. Le chapitre 1, c’est donc le tout début du ministère de Jésus. Voici la chronologie que donne Marc : Jésus est baptisé par Jean-Baptiste dont il a rapporté au préalable la prédication ; après son Baptême, il part faire cette retraite de 40 jours au désert où il est tenté par le diable ; juste après, Marc nous rapporte le contenu de la prédication de Jésus mais sans donner aucun détail ; puis Jésus appelle ses premiers disciples, texte de dimanche dernier et enfin, il entre à la synagogue de Capharnaüm et c’est le texte d’aujourd’hui.

Dans cette synagogue de Capharnaüm, la première prédication de Jésus va connaître un véritable succès, ce qui ne sera pas le cas de sa première prédication, chez lui à la synagogue de Nazareth, telle que la raconte St Luc. Mais ici le succès est tel que, par deux fois, son enseignement est qualifié d’enseignement qui fait autorité et St Marc rajoute que ce n’était pas le cas de l’enseignement des scribes. Voilà pourquoi je disais que Jésus avait fait un véritable tabac à la synagogue de Capharnaüm. Maintenant que le cadre est posé, je voudrais m’arrêter sur deux points qui me paraissent très importants : le 1er point, c’est le fait que rien ne soit dit sur le contenu de l’enseignement de Jésus et le 2ème point, il concerne justement le mot autorité qui, par 2 fois, va qualifier l’enseignement de Jésus. Evidemment, si je souligne ces deux points, c’est parce qu’ils vont nous parler directement et fortement, du moins je l’espère !

1er point très étonnant, c’est que rien ne nous est dit sur le contenu de l’enseignement de Jésus. Puisque Jésus a fait un tabac avec son enseignement, on aurait bien aimé savoir ce qu’il a dit. Mais peut-être que ce silence sur le contenu nous en dit infiniment plus que si un compte-rendu de l’enseignement nous avait été donné. Car, si le texte est silencieux sur ce que Jésus dit, il n’est pas silencieux sur ce que Jésus fait. Et dans ce que Jésus fait, je retiens deux éléments.

-       1er élément, Jésus n’est pas déstabilisé quand cet homme possédé s’avance vers lui. Et ça j’admire parce que vous savez, quand on est prédicateur, ce genre de situation n’est pas très facile à gérer. Ça m’est arrivé au moins deux fois d’être interrompu dans ma prédication par des hommes tourmentés ou alcoolisés. Ce n’est vraiment pas simple à gérer d’autant plus que, dans ce moment-là, tous les paroissiens se mettent à fermer les yeux et s’enfoncent dans la prière pour ne pas avoir à réagir, nous laissant bien seuls pour gérer ! Je ne me rappelle plus exactement comment je m’en étais sorti, mais ce n’était pas très brillant ! Lui, Jésus, il n’est pas du tout déstabilisé, cet homme s’avance et il va s’occuper de lui.

-       2ème élément, la manière dont Jésus s’occupe de lui est un modèle du genre. Il ne dit pas à cet homme : pour le moment, c’est moi qui parle, si tu veux parler, tu parleras quand j’aurai fini ! Je crois bien que c’est ce que j’avais répondu à l’une des deux personnes qui m’avaient perturbé ! Quand Jésus entend ce que le mauvais esprit fait dire à cet homme, Jésus ne s’adresse pas à l’homme mais au mauvais esprit dont cet homme était devenu le jouet. Je pense que ça nous rappelle la manière dont le père Hamel avait réagi face à son agresseur venu l’égorger en pleine messe. Lui aussi, il s’était adressé au mauvais esprit en disant : Satan, sors de cet homme. En réagissant ainsi, le père Hamel emboitait le pas à Jésus qui savait qu’un homme méchant était souvent le jouet des forces du mal. Nous sommes donc invités, même si ce n’est jamais facile, à ne jamais réduire une personne au mal qu’elle peut dire ou qu’elle peut faire.

Comme vous pouvez le constater, par sa réaction, Jésus manifeste clairement qu’il n’est pas venu pour mater les méchants mais pour les délivrer, les sauver. Jésus manifeste aussi clairement que ce qui l’intéresse, ce n’est pas de faire des discours pour expliquer d’où vient le mal et comment il est possible de le combattre.

Non, ça, ça n’intéresse pas Jésus et c’est sans doute pour cela que St Marc ne nous révèle pas le contenu de l’enseignement de Jésus ; par contre, il nous montre clairement l’engagement concret de Jésus à lutter contre le mal, à libérer ceux qui en sont les jouets. Notre monde serait tellement meilleur s’il y avait moins de discours sur l’origine de la misère et des inégalités et plus d’actions ! Jésus n’a jamais fait partie de ceux qui disent : y’a qu’à, faut qu’on … et il nous demande de faire comme lui : moins de discours plus d’engagement !

C’était mon 1er point qui développait le fait que St Marc ne nous livre pas le contenu de l’enseignement de Jésus. Le 2ème point, c’est la qualification donnée à l’enseignement de Jésus. Comme je le disais, par deux fois, il est dit que Jésus enseigne avec autorité et St Marc prend même bien soin de préciser que ce n’était pas le cas des scribes !

 Pour comprendre la portée de ce qualificatif donné à l’enseignement de Jésus, il est bon de faire un peu d’étymologie. Autorité, ça vient d’un mot latin « augere » qui signifie « faire grandir ». L’autorité, c’est donc la capacité de faire grandir les autres. Ainsi donc, tous ceux qui reçoivent une autorité que ce soit dans une famille, dans une école, dans la société ou dans l’Eglise reçoivent, en fait, cette mission de faire grandir ceux qui leur sont confiés. On entend encore bien cette définition dans l’utilisation de l’expression « élever ses enfants. » Il faut visualiser ce qu’il y a derrière ce verbe « élever » qui dit bien ce qu’il veut dire : il s’agit vraiment de faire grandir ses enfants. Dans notre société, peut-être que ce mot « autorité » il a mauvaise presse, particulièrement depuis les années 68. C’est bien dommage, mais je vois bien d’où ça vient ! On confond trop souvent l’autorité qui est une qualité et l’autoritarisme qui est un très gros défaut. Celui qui a reçu autorité, il doit faire grandir ceux qui lui sont confiés, celui qui parlera et agira avec autoritarisme, il va au contraire casser, écraser ceux qui lui sont confiés. Ceux qui ont eu des parents ou des enseignants, parlant et agissant avec autoritarisme auront bien du mal à grandir en s’épanouissant. Ils vont grandir mais cassés avec des blessures très difficiles à cicatriser.

Jésus est le modèle d’un homme qui parle et agit avec autorité. Tous ceux qu’il rencontrait, il cherchait à les faire grandir, particulièrement ceux qui étaient écrasés par les difficultés de la vie. Même quand Jésus rencontrait un adversaire, il ne cherchait jamais à le casser, pourtant, il pouvait lui adresser des paroles très vigoureuses mais jamais pour casser. Ceux qui étaient dans la synagogue de Capharnaüm l’ont compris dès cette première sortie de Jésus. Les scribes, eux, par leurs discours, ils cassaient, ils écrasaient, Jésus le dira : ils lient sur les épaules des gens de pesants fardeaux qui les écrasent et Jésus rajoutera même : mais ces fardeaux, eux, ils ne veulent même pas les remuer du petit doigt !

Si nous voulons devenir ces personnes qui parlent et agissent avec autorité, en ayant ce désir de faire grandir tous ceux qui nous approchent, bref, si nous voulons ressembler à Jésus, nous savons comment il faut faire ! C’est en l’accueillant, c’est en nous approchant le plus souvent possible de lui, c’est en le gardant sans cesse à nos côtés que nous finirons par lui ressembler. C’est vraiment ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet.

Prière universelle et intentions de messe

Prière universelle et intentions de messe du 28 janvier 2024Prière universelle et intentions de messe du 28 janvier 2024


Dimanche 21 janvier

André Jésus Pierre 3ème dimanche du Temps Ordinaire

« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 14-20)

Les textes du jour

Homélie du Père Roger HÉBERT, recteur du sanctuaire diocésain Notre-Dame-de-Laghet

Comme je le disais en introduction de la messe, ce dimanche est le dimanche de la Parole, ainsi en a décidé le Pape François vers la fin de l’année 2019. Il a demandé que chaque année, le 3ème dimanche du temps ordinaire soit le dimanche de la Parole. Alors, on pourrait se demander pourquoi un dimanche de la Parole alors que la Parole on l’entend à chaque messe ! Oui, mais il y aussi un dimanche de l’Eucharistie, la Fête du Corps et du Sang du Christ qu’on appelait la Fête-Dieu avant, il y a un dimanche de l’Eucharistie alors qu’on célèbre l’Eucharistie chaque dimanche et même chaque jour. Dans le domaine profane, il y a un dimanche de la Fête des Mères alors qu’on aime sa maman chaque jour ! Nous sommes ainsi faits, nous risquons de nous laisser avoir par la répétition des événements, du coup nous avons besoin, de temps en temps, de donner un caractère particulier à ce que nous vivons de manière répétitive pour en retrouver le sens.

Et c’est bien le but de ce dimanche de la Parole. Oui, c’est vrai, la Parole, nous l’entendons à chaque messe, chaque office, dans cette répétition, nous risquons de ne plus nous étonner que Dieu nous parle. Parce que, quand même, c’est inouï que Dieu nous parle ! Imaginez, vous êtes au milieu de la foule, place St Pierre à Rome pour l’audience du Pape et, faisant le tour de la place en papamobile, il demande au chauffeur de s’arrêter et vous parle directement. Vous ne seriez pas peu fier de raconter cela à toutes vos connaissances : le Pape m’a parlé, oui, il m’a parlé à moi ! Eh bien, à travers la Parole, celui qui nous parle, il est encore bien plus grand que le Pape puisque c’est Dieu lui-même ! Seulement voilà, Dieu nous parle et ça ne nous fait pas plus d’impression que ça ! Dieu nous parle et nous écoutons distraitement parfois même nous ne sommes encore pas arrivés à la messe pour l’écouter ! Vous voyez qu’il est bien nécessaire qu’un dimanche par an, nous reprenions conscience de la chance que nous avons d’avoir un Dieu qui parle et même mieux d’avoir un Dieu qui nous parle, qui ME parle.

Ce dimanche de la Parole, le Pape a voulu qu’il soit célébré dans la proximité de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens parce que la Parole de Dieu, c’est le grand trésor qui unit tous les chrétiens. Savez-vous que depuis les années d’après-concile, vous pouvez aller dans n’importe quelle église catholique ou dans n’importe quel temple protestant, vous entendrez les mêmes Evangiles ? C’est merveilleux de réaliser que chaque dimanche, que vous soyez catholiques ou protestants, c’est le même Evangile qui va vous nourrir, vous interpeler, vous consoler. La Parole est bien ce précieux trésor que nous avons en commun. J’avoue bien humblement que je ne sais pas ce qu’il en est pour les orthodoxes que je connais moins.

Quand je commence à prêcher une retraite dont la Parole de Dieu sera forcément la colonne vertébrale quel que soit le thème que je développerai, je commence toujours à dire qu’avec la Parole de Dieu, le message se fait massage. Ce n’est pas de moi et je ne sais plus de qui c’est, mais je trouve ça tellement beau : le message se fait massage. Quand nous venons à la messe, c’est pour que le Seigneur nous fasse du bien, alors c’est tellement beau de réaliser qu’avec la Parole, le message se fait massage. C’est pour cela qu’il est trop dommage d’arriver en retard ou d’écouter distraitement la Parole, c’est une partie du massage qui est perdu, c’est une partie des bienfaits qui est totalement gâchée, quel dommage !

Certes, il y a des Paroles qui pourront venir appuyer là où ça nous fait mal, mais quand on va chez le kiné, il peut toucher des points sensibles qui nous font souffrir, mais s’il s’en occupe, c’est pour nous soulager. Ainsi en va-t-il avec la Parole, même quand elle semble dure, c’est pour notre bien qu’elle appuie là où ça fait mal. Et puis, il y aura tellement d’autres Paroles qui vont venir nous consoler, nous encourager, parfois c’est tellement fort qu’on a l’impression qu’elles ont été écrites juste pour nous ! Quand j’étais aumônier de prison, c’est ce que m’avait dit un détenu à qui j’avais donné une Bible, après une semaine, retournant le voir, je lui avais demandé si ce n’était pas très compliqué à lire, il m’avait répondu : pas du tout, ça parle de moi à toutes les pages ! Lui, il avait compris que le message se faisait massage même si quantité de Paroles venaient pour le redresser en soulignant tous les écarts de sa vie !

Alors justement que nous disait-elle la Parole entendue en ce jour ? Eh bien, je crois que si nous prenons la 1° lecture et l’Evangile qui, chaque dimanche, se font écho, ces textes nous parlaient de la puissance de la Parole.

Dans la 1° lecture, l’histoire de Jonas nous parle de la puissance de la Parole de Dieu. Jonas a été choisi pour annoncer à la ville de Ninive que ça va chauffer pour ses habitants, Dieu ne peut plus supporter ce qui se passe là-bas ! Mais vous connaissez l’histoire, Jonas n’a aucune envie d’y aller, il prend un bateau qui part à l’opposé pour être sûr de ne pas pouvoir accomplir cette mission qui ne l’enchante pas. La mer se déchaine, les matelots ont peur et interrogent les passagers pour savoir qui a pu mettre Dieu tant en colère et ils découvrent que c’est Jonas qui a fui la mission reçue de son Dieu. Ils le jettent par-dessus bord, une baleine l’engloutit et 3 jours après le recrache sur le rivage de Ninive. Il ne peut plus fuir !  Mais il ne va pas, pour autant, mettre beaucoup de cœur dans l’accomplissement de la mission. Il fallait 3 jours pour traverser Ninive, Jonas va bâcler le travail puisqu’en une seule journée, il l’a traversée ! Il a dû le faire en courant en espérant que personne ne comprendrait rien au message qu’il annonçait ! Il n’en est rien, tout le monde a compris et tous les habitants de cette ville de Ninive qui avait une sale réputation se convertissent. Puissance de la Parole de Dieu. Le prophète a beau bâcler le travail, accomplir sans cœur la mission, la Parole qu’il proclame, parce qu’elle vient de Dieu, va toucher tous les cœurs. Et manifestation suprême de sa puissance, elle finira même, à la fin, par toucher le cœur de ce prophète si récalcitrant !

Dans l’Evangile, la puissance de la Parole, on la voit encore de manière très nette. Jésus passe au bord du lac de Galilée, il voit deux pécheurs en train de préparer leurs filets, il les appelle : Venez à ma suite, je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. Le résultat est immédiat : Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. On pourrait penser que c’est un coup de chance, Jésus est tombé sur deux bonnes pommes ! Pas du tout, il avance, il en voit deux autres, il leur dit sans doute la même chose et le résultat est le même : laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite. Pourtant vous savez les pécheurs du lac, c’étaient des gars pleins de bon sens, ils n’allaient pas quitter tout ce qui faisait leur vie pour du vent. Mais la puissance de la Parole de Jésus est telle et sans doute aussi le regard qu’il a posé sur eux qu’ils se sentent comme irrésistiblement attirés. La Parole du Seigneur a l’effet d’un aimant surpuissant, ça n’a rien d’étonnant que sa Parole ait la puissance d’un aimant puisqu’elle est prononcée par celui qui est l’amour, par l’aimant le plus aimant !

Avons-nous déjà expérimenté cette puissance de la Parole du Seigneur ? Avons-nous déjà entendu, dans les lectures d’une messe, d’un office ou au cours de notre lecture personnelle des Ecritures, une Parole qui ait profondément touché notre cœur ? Vous savez, un peu à la manière des disciples d’Emmaüs qui reconnaissaient que leur cœur était tout brûlant quand Jésus leur parlait. Si nous ne l’avons encore jamais expérimenté, demandons, par l’intercession de Notre Dame de Laghet que le Seigneur nous fasse cette grâce pour que nous devenions des amoureux de sa Parole, désireux de la transmettre à tous ceux qui auraient tellement besoin d’entendre un message qui se fasse massage !


Dimanche 14 janvier 2024

Ils suivirent Jésus 2ème dimanche du Temps Ordinaire

« Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui » (Jn 1, 35-42)

Les textes du jour

Homélie du Père Roger HÉBERT, recteur du sanctuaire diocésain Notre-Dame-de-Laghet

Elle est émouvante cette page d’Evangile que nous venons d’entendre parce que, finalement, elle nous raconte les tout débuts de l’aventure apostolique et, par là-même, les tout débuts de l’Eglise. Certes, il est très difficile de donner une date précise de la naissance de l’Eglise, on pourrait parler de l’Annonciation comme le tout début, ou encore la naissance de Jésus, ou ce texte-là, ou l’institution de l’Eucharistie ou même encore la Pentecôte. Peut-être n’avez-vous encore jamais été très curieux quant au commencement de l’Eglise, mais peut-être aussi êtes-vous comme ces enfants qui vont vers leurs parents pour leur demander comment ils ont commencé à exister. Evidemment, dans ces cas-là, l’enfant n’attend pas qu’on lui fasse une description, j’allais dire technique, de l’acte qui a marqué son commencement, il espère entendre parler de l’amour qui unissait ses parents et qui lui ont fait désirer sa venue. Eh bien, comme je le disais, cet Evangile pourrait assouvir notre curiosité quand nous nous demandons comment tout a commencé pour nous dans la Foi. 

Tout a commencé par une parole et une parole somme toute assez mystérieuse pour nous, mais qui ne l’a pas été pour ces deux 1° disciples, André et vraisemblablement Jean, puisqu’il est capable de raconter, c’est sans doute qu’il y était ! Ils entendent Jean-Baptiste désigner Jésus comme l’Agneau de Dieu et immédiatement ils suivent Jésus qui ne les a pas encore appelés. Le prêtre, à chaque messe, reprend cette parole juste avant la communion, précisément quand il vous invite à venir communier, il dit : Voici l’Agneau de Dieu, heureux les invités au repas ! Pour que cette parole ait sur nous le même impact que sur André et Jean, c’est-à-dire pour qu’elle nous mette en route, pour qu’elle éveille le désir de suivre Jésus, il nous est bon de chercher à mieux la comprendre. Dans le judaïsme, cette image de l’Agneau de Dieu est extrêmement riche, alors, pour simplifier je donnerai les deux sens les plus courants.

 1° sens, quand on évoquait l’Agneau de Dieu, les juifs pensaient très vite à l’Agneau de la Pâque. Cet agneau dont on avait pris le sang pour marquer les linteaux des portes des maisons des hébreux en Egypte afin que la vie soit préservée dans ces maisons. Quand André et Jean entendent Jean-Baptiste désigner Jésus comme l’Agneau de Dieu, eux qui connaissent si bien les Ecritures, ils comprennent intuitivement qu’il est la vie, qu’en le suivant, ils marcheront sur un chemin de vie, ils seront à l’abri.

 2° sens, quand évoquait l’Agneau de Dieu, les juifs pensaient aussi au Messie présenté dans le livre du prophète Isaïe comme un serviteur souffrant, décrit sous les traits d’un agneau fragile, mais capable de prendre sur Lui le mal pour sauver son peuple. Quand André et Jean entendent Jean-Baptiste désigner Jésus comme l’Agneau de Dieu, puisqu’ils connaissaient très bien les Ecritures, ils n’ont pas de doute, c’est lui qu’on attendait, c’est lui le Messie, c’est lui qui va nous sauver. Ils ne comprennent sûrement pas tout ce que veulent dire ces mots et surtout comment Jésus parviendra à accomplir cette mission, mais ils sont absolument sûrs que c’est lui qu’il faut suivre.

 Donc tout a commencé par une Parole. Enfin, ce n’est pas tout à fait exact car, en fait, tout a commencé par un regard, le regard de Jean-Baptiste qui lui a fait prononcer cette parole. Et, ce qui est étonnant, c’est que la veille, Jean-Baptiste avait déjà prononcé cette même parole (1,29), mais cette Parole n’avait rien produit, personne n’avait suivi Jésus. La Parole est toujours la même, mais, là, elle est prononcée devant deux hommes qui étaient habités par un immense désir, alors ils se mettent en route pour suivre Jésus. Dans un cœur qui n’est pas habité par un immense désir même les plus belles paroles n’auront aucun effet !

 Tout à l’heure, quand nous entendrons la parole du prêtre présentant Jésus-hostie comme l’Agneau de Dieu, repensons à tout cela et surtout, si nous sommes des êtres de désir, si notre désir est grand de ne pas nous contenter du petit train-train de la vie, mettons-nous en route pour le recevoir dans nos cœurs, soit en communiant, soit en venant recevoir sa bénédiction, et décidons-nous à le suivre tout au long de la semaine en lui redisant que nous croyons qu’il est bien celui qui donne la Vie, qu’il est bien celui qui nous sauve en nous libérant d’une vie sans but.

 Mais revenons à ces débuts de l’aventure apostolique, Jésus se rend tout de suite compte que ces deux hommes sont habités par un immense désir, c’est ce que laisse entendre sa question : Que cherchez-vous ? Oui, Jésus a perçu qu’ils étaient en recherche, qu’ils étaient donc des êtres de désir et que c’était la raison pour laquelle ils s’étaient mis à le suivre. Mais, par cette question, Jésus veut aussi comme les tester : en écoutant leur réponse, il aura le cœur net, il saura si c’est bien avec eux qu’il pourra commencer l’aventure. Et Jésus ne sera pas déçu par leur réponse : Rabbi, où demeures-tu ? Ils ne lui débitent pas une longue liste de toutes leurs attentes, de leurs aspirations ; peut-être est-ce ce qu’ils avaient fait quand ils avaient demandé à Jean-Baptiste de pouvoir rester auprès de lui. Mais là, après la Parole du Baptiste, il y a quelque chose qui bascule, ils n’attendent plus quelque chose mais quelqu’un ! Leur réponse manifeste que c’est lui qu’ils cherchent, que c’est à lui qu’ils veulent s’attacher, que c’est lui qu’ils veulent suivre parce que sa personne synthétise absolument toute leur espérance. Et on peut facilement imaginer que la nuit qu’ils ont passé avec lui les a confortés dans cette certitude de foi qui était née en eux. Il aura fallu à peine 24h pour que la grande aventure apostolique soit lancée et avec elle, c’est l’Eglise qui est comme mise sur orbite. Jésus a attendu 30 ans à Nazareth pour qu’arrive le moment favorable et quand il est arrivé, Il aura fallu à peine 24h pour que deux hommes deviennent les premiers disciples. C’est bien le signe qu’elle est vraie cette promesse que Dieu fait par la bouche du prophète Isaïe : au temps favorable, j’agirai vite ! Is 60,22

 Mais, devenir disciple, n’est pas le dernier mot de l’aventure apostolique, la preuve, c’est qu’au petit matin, André court voir son frère Simon pour lui partager sa joie. A peine devenu disciple, André devient missionnaire. Vous savez que le pape François associe toujours ces deux mots qu’il lie par un tirait pour manifester qu’ils sont précisément indissociables, qu’ils sont les deux faces d’une même vocation : disciple et missionnaire, missionnaire parce que disciple, disciple pour devenir missionnaire. En son temps, le pape Jean-Paul II avait magnifiquement exprimé cela en disant : Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. (NMI 40). C’est le test qui permet de vérifier si la rencontre que quelqu’un prétend avoir faite avec le Christ est vrai ; le critère de vérification, c’est l’ardeur à l’annoncer. Tout en retenant cette parole de St François de Sales que nous allons honorer cette semaine et qui disait : Ne parle de Dieu que lorsque l’on t’interroge, mais vis de manière à ce qu’on t’interroge souvent. Il ne s’agit pas de fatiguer tout le monde en faisant un forcing permanent, non ! Mais il s’agit d’abord et essentiellement de vivre l’amour avec tous de telle manière que ça finisse par interroger les autres qui finiront par nous demander : mais comment fais-tu pour aimer de manière si ajustée, à quelle source puises-tu pour être capable de donner tant d’amour ? Ne parle de Dieu que lorsque l’on t’interroge, mais vis de manière à ce qu’on t’interroge souvent.

Si j’ai voulu commenter cet Evangile en repérant comment tout a commencé, c’est parce que rien n’a changé. Nous ne deviendrons de véritables disciples que si nous sommes des êtres de désir, en recherche et disponibles en attente de la Parole qui nous mettra en route pour suivre Jésus, pas des idées, mais quelqu’un, Jésus qui séduira nos cœurs. Et si nous l’avons vraiment rencontré, alors nous l’annoncerons d’abord par le rayonnement de notre amour non-sélectif.

Puisque, aujourd’hui encore, c’est une Parole qui nous mettra en route, retenons bien les mots que le vieux prêtre Eli a appris au jeune Samuel pour répondre à Dieu quand il parle : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! Vous avez bien entendu ? Nous, dans la prière, nous avons souvent les bons mots, mais pas dans le bon ordre puisque, trop souvent, nous disons : Ecoute, Seigneur, ton serviteur te parle !

Prière universelle et intentions de messe

P.U. et intentions de messe du 14 janvier 2024P.U. et intentions de messe du 14 janvier 2024

Chants des messes

Chants de la messe du 13 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Saint André de la RocheChants de la messe du 13 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Saint André de la Roche
Chants de la messe du 13 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - AspremontChants de la messe du 14 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Aspremont
Chants de la messe du 13 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Saint BlaiseChants de la messe du 14 janvier 2024 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire - Saint Blaise


Dimanche 7 janvier 2024

Epiphanie L'Épiphanie du Seigneur

Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12)

Les textes du jour

Homélie du Père Roger HÉBERT, recteur du sanctuaire diocésain Notre-Dame-de-Laghet

Cet épisode des Mages est sans doute celui qui a été le plus enrichi par l’imagination de la Tradition au cours des siècles ! Il faut dire que le récit est d’une sobriété telle que la curiosité naturelle qui nous anime tous reste sur sa faim. En écoutant le texte, vous aurez remarqué, que nous ne savons pas combien étaient ces mages et qu’à aucun moment, ils ne reçoivent le titre de roi. C’est la tradition qui parlera de 3 personnages et la raison est bien simple, c’est en raison des 3 cadeaux : or, encens et myrrhe. Oui, mais il y aurait très bien pu avoir deux mages qui offrent de l’or, 3 de l’encens et 4 de la myrrhe ! C’est Origène, à la fin du 1° siècle qui tranchera en fixant à 3 le nombre des mages. Un peu avant, Tertullien les avait désignés comme des rois en référence à ce passage de l’Ecriture, plus précisément dans les Psaumes qui disaient : Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront (Psaumes 72, 10-11) Enfin, c’est au 6° siècle qu’un nom et une origine seront donnés à chacun de ces mages. C’est ainsi que Melchior, celui qui nous ressemble le plus par son teint, sera représenté sous les traits d’un homme mûr qui offrira l’or à Jésus ; Gaspard, venu d’Asie, représenté par un homme encore jeune offrira l’encens à Jésus quant à Balthazar, venu d’Afrique, un « koushit » comme on disait à l’époque, lui, il offrira la myrrhe.

J’espère que votre curiosité est satisfaite par toutes ces données ! Seulement, voilà, en entendant cela, assez vite une question peut monter à vos esprits : mais si tout a été rajouté par la Tradition, quelle assurance avons-nous que l’événement, lui-même, a bien eu lieu ? On est prêt à ne pas s’offusquer sur le nombre, ni sur le nom, ni sur l’origine des Mages, mais est-ce qu’il y a bien eu des Mages qui sont venus ? Ça, il faudrait quand même en être sûr ! Parce que cet événement a une portée considérable dans le mystère du Salut et c’était magnifiquement formulé par Paul dans la 2° lecture : Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. Quelques années après la mort de Jésus, quand la question de l’intégration des païens dans l’Eglise se posera, j’imagine qu’on a dû se référer à cet épisode des Mages pour dire que, dès le début, la mission de Salut initiée par Jésus avait une dimension universelle. C’était absolument incontestable et l’épisode de Pierre chez Corneille ne venait que confirmer cette orientation que Dieu a choisie de donner dès le début avec cette visite des Mages à la crèche… Mais pour cela, encore fallait-il être sûr que l’événement ait bien eu lieu !

Benoit XVI - Joseph Ratzinger, dans son excellent livre sur Jésus de Nazareth, fait le point sur les recherches scientifiques qui ont été menées pour prouver le caractère historique de l’événement. Et il donne deux arguments, l’un concernant les mages et l’autre concernant l’étoile, que je développe.

· Les Mages, derrière ce nom on peut classer des hommes très différents. Les experts s’accordent pour dire que ces mages étaient des savants possédant une culture religieuse, philosophique et scientifique. Avec un tel profil, on comprend qu’ils aient eu envie de faire le voyage pour découvrir ce qu’un signe du ciel semblait leur indiquer.

· Mais ce sont, sans doute, les recherches scientifiques menées autour de ce signe venu du ciel qui sont les plus intéressantes pour notre sujet. D’abord, on sait aujourd’hui, de certitude sûre, qu’à l’époque, il y avait à Babylone un centre astronomique qui commençait à décliner mais qui comportait encore de bons observateurs du ciel. On a retrouvé dans les fouilles des tablettes en terre cuite, datant de cette époque, recouvertes de calculs astronomiques. Et l'on sait aussi que, précisément à cette époque, et ça, on peut le dater de manière assez fiable par des calculs d’astronomie, il y a eu dans le ciel un phénomène étonnant que les astronomes décrivent ainsi : une grande conjonction de Jupiter et de Saturne dans le signe zodiacal du poisson avec un phénomène de supernova qui se rajoute. C’est peut-être de l’hébreu pour vous, ça l’est aussi pour moi ! Vous me permettrez donc de ne pas développer plus ! Les curieux, les passionnés d’astronomie (attention, pas d’astrologie !), si vous voulez en savoir plus, lisez le livre de notre ancien pape qui s’intitule « Jésus de Nazareth » !

Voilà donc ce que je pouvais vous transmettre concernant l’historicité de ce récit des Mages et vous avez compris qu’il y a un grand enjeu à montrer que ce n’est pas une invention, même si la tradition a brodé ensuite sur un événement réel mais sur lequel St Matthieu avait donné trop peu de détails.

Maintenant, j’aimerais plus m’intéresser à la portée de ce texte d’Evangile, et là, nous nous sentirons tous concernés, même ceux qui ne sont pas des fans de la recherche de preuves sur l’historicité des textes d’Evangile ! Dans ce texte d’Evangile, il y a 3 catégories de personnes qui nous sont présentées : les Mages, les scribes et prêtres du Temple et enfin Hérode. Regardons leur posture pour comprendre en quoi ils peuvent nous aider à vivre notre foi.

1/ Commençons donc par les Mages, puisque ce sont eux les héros du jour ! Le texte d’Evangile nous dit qu’ils se sont mis en route parce qu’ils ont vu une étoile, signe qu’ils scrutaient le ciel. Pas étonnant, me direz-vous pour des astronomes, c’est vrai, mais ils n’étaient pas qu’astronomes, ils étaient aussi des religieux instruits et des philosophes avertis. Mais, comme on le voit, ils n’ont pas la science orgueilleuse, ils n’ont pas essayé de faire entrer ce phénomène étrange dans les catégories de ce qu’ils savaient déjà. Manifestement, ce qui était en train de se passer les obligeait à sortir de leurs certitudes, alors ils se mettent en route, ils doivent aller voir pour comprendre. Et arrivés à Jérusalem, ils acceptent d’en référer aux responsables religieux, ils ne trouveront pas tout, ils ne comprendront pas tout en ne s’appuyant que sur eux. Ayant eu les renseignements, ils partent à Bethléem, arrivés là-bas, ce qu’ils découvrent ne les rend pas furieux ; ils ont fait tant de chemin pour voir une scène d’une banalité affligeante : un bébé dans les bras de sa maman ! Ils sont sûrement surpris, mais pas déçus, alors ils se prosternent en signe d’adoration et offrent leurs précieux cadeaux. Quelle belle attitude qui nous invite à ne pas enfermer Dieu dans notre savoir, à rester ouverts à l’inattendu qu’il veut faire surgir pour nous emmener toujours plus loin.

2/ Les scribes et les prêtres. Alors, eux, ce sont les antithèses des Mages ! Eux, ils savent, ils n’ont donc aucune difficulté à répondre à la question des Mages : c’est à Bethléem que devait naître le Messie, ils le savaient depuis toujours ! Et voilà que d’éminents personnages viennent leur dire qu’ils ont fait beaucoup de chemin parce qu’ils avaient de bonnes raisons de croire que ce roi attendu, ça y est, il était né. Que croyez-vous qu’ils fassent ces plus hauts dignitaires de la religion juive ? Eh bien, ça parait impensable, mais ils ne font rien ! Ils ne se mettent pas en route avec les mages, ils auraient au moins pu leur proposer de les guider car, eux, ils savaient comment aller à Bethléem, mais non, ils ne font rien ! Peut-être pensent-ils que si le Messie était vraiment né, Dieu les aurait quand même prévenus, eux qui sont les personnages les plus importants de la religion juive. Prions pour ne jamais leur ressembler ! Que nous ne soyons jamais des chrétiens installés, des chrétiens immobiles, incapables de bouger ni dans nos têtes, ni avec nos pieds !

3/ Quant à Hérode, c’est un bien triste individu. Dans l’annonce que lui font les Mages, il ne retient qu’une seule chose : son trône est menacé puisqu’un concurrent vient de naître ! Il a déjà fait supprimer tous ses concurrents potentiels, j’en avais parlé le jour de la fête des Saints Innocents : il a fait noyer son beau-frère, assassiner son beau-père, puis assassiner un autre beau-frère, ensuite c’est sa femme qu’il fait tuer et, même trois de ses enfants, le dernier étant supprimé juste 5 jours avant sa mort. Hérode, le pouvoir absolu l’a rendu fou, la religion, elle ne l’intéressait que dans la mesure où il pouvait en tirer des bénéfices, c’est un opportuniste sans foi ni loi ! Nous pouvons aussi prier pour ne jamais lui ressembler ! Mais il y a quand même peu de risques que nous finissions en ayant un cœur aussi noir que le sien ! Cependant, nous pouvons quand même nous interroger pour voir si, comme lui, nous ne nous servons pas un peu trop souvent de la religion, de la foi en ne prenant que ce qui nous arrange, en ne faisant que demander sans donner grand-chose.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de repartir de cette messe, comme les Mages, par un autre chemin, c’est-à-dire en quittant tous les chemins qui nous conduisent à des impasses mortifères et en prenant résolument le chemin qui nous conduira à la rencontre du Seigneur. Demandons à Notre Dame de Laghet d’accepter par avance, que sur ce chemin, le Seigneur puisse se révéler à nous comme il le voudra, quand il le voudra pour nous emmener toujours plus loin jusqu’au jour où nous ne le quitterons plus.


Lundi 1er janvier 2024

Marie mère de Dieu Sainte Marie, Mère de Dieu

« Ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né. Quand fut arrivé le huitième jour, l’enfant reçut le nom de Jésus » (Lc 2, 16-21)

Les textes du jour

Messe à 11 heures en l'église Notre Dame de l'Assomption à Tourrette-Levens


Dimanche 31 décembre 2023

Présentation de Jésus au temple La Sainte Famille

« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22-40)

Les textes du jour

Homélie du Père Roger HÉBERT, recteur du sanctuaire diocésain Notre-Dame-de-Laghet

Nous célébrons la Sainte Famille, cette famille unique et finalement inimitable puisqu’elle est composée de personnes hors du commun : la maman a été préservée du péché ; le papa a reçu le titre de juste, c’est-à-dire totalement ajusté à Dieu et l’enfant, lui, il est parfaitement homme et parfaitement Dieu. L’Evangile étant extrêmement discret, nous ne savons pas grand-chose sur cette famille hors du commun, sur la manière dont elle a vécu la sainteté dans sa vie de famille, au quotidien. Si L’Evangile n’est pas bavard sur le quotidien de cette famille, il n’est pourtant pas totalement muet sur ce que devra vivre la Sainte Famille, j’ai repéré 7 mentions directes ou indirectes concernant des moments vécus par la Sainte Famille, je les évoque rapidement.

 1° moment : c’est un voyage à faire au bien mauvais moment puisqu’il arrive à la fin de la grossesse de Marie. Il faut aller à Bethléem pour le recensement, laisser derrière soir la sécurité de Nazareth avec tout ce qui avait été préparé pour accueillir cet enfant. Ce voyage imprévu laisse prévoir une suite un peu compliquée, ce qui sera le cas.

 2° moment : c’est la présentation de Jésus au temple, le texte que nous avons entendu. Il nous montrait cette famille accomplir ce que toutes les familles accomplissaient sans chercher à se démarquer pour que tout le monde voit bien qu’ils n’étaient pas comme les autres. C’est même le contraire puisqu’ils offrent un couple de tourterelle, ce qui était le sacrifice réservé aux pauvres, les autres offraient souvent assez ostensiblement un agneau voire un bœuf, eux ils osent montrer leur pauvreté.

 3° moment : Marie, Joseph et l’enfant Jésus vivront la difficile condition qui est le lot de tant de migrants obligés de fuir leur pays pour échapper au tyran qui les gouverne, la sainte famille a connu cela en étant obligé de partir une nouvelle fois vers l’inconnu, en Egypte pour échapper au massacre perpétré par Hérode.

4° moment : c’est l’épisode de Jésus perdu au Temple de Jérusalem pendant quelques jours. On imagine sans peine l’angoisse de Marie et Joseph qui ressemble à l’angoisse de tant de parents dont les enfants font une fugue ou disparaissent d’une manière ou d’une autre.

 5° moment : ce sont les 30 années de vie cachée à Nazareth. 30 ans, c’est bien long, peut-être que Marie et Joseph n’ont pas compris pourquoi Jésus ne partait plus vite pour commencer la mission si importante qui était la sienne et pour laquelle, ils avaient renoncé à tous leurs projets.

 6° moment : dans le ministère public de Jésus, quand, enfin, il est parti, il nous est dit qu’un jour sa mère et les siens viennent parce qu’ils ne le comprennent plus. En creux ce texte nous dit l’absence de Joseph, vraisemblablement déjà décédé, lourde épreuve du veuvage pour Marie. Et puis Marie ne cherche pas à faire valoir les droits que sa maternité lui aurait donné, humblement, elle demande si elle peut voir Jésus, avoir une discussion avec lui. Cette humilité lui vaudra d’entendre le plus beau compliment que Jésus lui fera : elle est celle qui a écouté la Parole, qui l’a gardée dans son cœur, la mettant en pratique comme personne d’autre ne saura et ne pourra le faire.

 Enfin, 7° moment : Marie, toujours seule, devra porter cette si grande douleur de devoir accompagner son fils vers la mort. Cette mort, elle est profondément injuste, son fils est si jeune, et il n’a fait que du bien ! Et voilà que tous le rejettent ou l’abandonnent. La souffrance de la Mère est au paroxysme. Au pied de la croix, Marie a dû se rappeler ces paroles que nous avons entendues dans la bouche de Syméon annonçant qu’un glaive devait transpercer son cœur.

Comme vous pouvez le constater, si l’Evangile est discret sur le quotidien de la vie de la Sainte Famille, il ne cache rien des épreuves que cette famille a dû endurer et finalement c’est très précieux pour nous. Dans la littérature spirituelle, beaucoup de commentaires pieux ont voulu nous décrire le quotidien de la Sainte Famille alors que nous ne le connaissons pas et ont oublié de mentionner toutes ces épreuves auxquelles la Sainte Famille a dû faire face. C’est dommage ! Il me semble qu’il serait important que nous comprenions ce choix de l’Evangile qui n’a voulu nous transmettre que les combats que la Sainte Famille. Voilà, comment, moi, je le comprends !

C’est un peu comme si l’Evangile avait anticipé sur tous ces commentaires pieux qui exaltent tellement l’amour vécu au quotidien dans la Sainte Famille qu’ils rendent le modèle de la Sainte Famille parfaitement inaccessible. Pire encore, ces commentaires peuvent apparaitre, pour nombre de familles, comme un jugement sur ce qu’elles vivent, sur leurs échecs. En ne retenant que des difficultés, l’Evangile a voulu, au contraire, rapprocher la Sainte Famille de toutes les familles qui expérimentent souvent douloureusement que la vie de famille n’est pas un long fleuve tranquille. Citez-moi une famille qui n’ait pas de problème, quels que soient ces problèmes ? Et méfions-nous de celles qui veulent donner une très belle image, l’arrière-boutique est souvent moins reluisante que la devanture ! Eh bien, grâce à l’Evangile, dans leurs galères qu’elles traversent, les familles peuvent se tourner vers la Sainte Famille. Elles peuvent demandant l’intercession de la Sainte Famille pour obtenir son aide afin que les galères traversées ne fassent pas éclater leur famille.

 Personnellement, je me réjouis vraiment de ce choix de l’Evangile qui manifeste une fois encore que notre Dieu veut se faire proche, de 1000 manières différentes, de tous ceux qui portent des poids trop lourds. Aux personnes qui suivent la retraite, je donnais cette très belle définition de la miséricorde qui vient du Cardinal Kasper : c’est la décision irrévocable que Dieu a prise de tenir son cœur près de ceux qui sont dans la misère. La Sainte Famille incarne à merveille ce choix !

 Ceci dit, dans les lectures d’aujourd’hui, il n’y a pas que la Sainte Famille qui nous soit donnée en exemple, il y a encore 3 autres familles qui nous montreront, chacune à leur manière, comment marcher vers la sainteté en famille.

La première, c’est la famille d’Abraham ou plutôt le couple d’Abraham et de Sarah. La lecture est très belle, mais il y a un problème car la liturgie a collé deux bouts de chapitres du livre de la Genèse : un bout du chapitre 15 dans lequel Dieu annonce à Abraham qu’il aura un fils et que, par ce fils, il deviendra le Père d’une multitude aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel et un bout du chapitre 21 qui montre que Dieu a tenu parole, Sarah est enceinte malgré l’âge avancé d’Abraham et la stérilité de sa femme. Oui, mais entre le chapitre 15 et le chapitre 21, il y a à peu près 25 ans qui se sont écoulés ! On comprend pourquoi la 2° lecture vante la foi d’Abraham. Quelle foi, quelle espérance ! Voilà donc un élément essentiel pour toutes les familles qui voudront marcher vers la sainteté : vivre dans l’espérance, une espérance nourrie par cette foi en la décision irrévocable que Dieu a prise de tenir son cœur près de ceux qui sont dans la misère.

 La deuxième famille, c’est celle du vieux Syméon qui a dû être réveillé le matin par le Saint-Esprit qui lui fait comprendre que c’est le jour ou jamais d’aller au Temple car il va voir l’accomplissement de la grande promesse de Dieu. Et Syméon y va ! Il aurait pu invoquer son grand âge, ses rhumatismes, le nombre de journées passées, en vain, à attendre. Non, il est fidèle à cette motion reçue du Saint-Esprit, peut-être que c’est sa femme qui le pousse à écouter, les femmes savent stimuler leurs époux pour qu’ils avancent sur le chemin de la foi ! Et Syméon ne sera pas déçu ! Bienheureuses familles qui se rendent dociles aux motions du Saint-Esprit, elles verront l’accomplissement des promesses de Dieu ; elles verront que Dieu ne faisait pas du baratin quand il a pris cette décision irrévocable de tenir son cœur près de ceux qui sont dans la misère.

 Enfin, la 3° famille, c’est celle d’Anne, une famille qui très vite s’est retrouvée en difficulté puisque, 7 ans après son mariage, elle s’est retrouvée veuve. Quelle belle figure que cette femme prophète ! Elle n’en veut pas à Dieu, elle ne le boude pas en le rendant responsable de sa misère ! Non, elle va fidèlement au Temple, de jour comme de nuit parce qu’elle a compris que Dieu était son meilleur allié pour traverser son épreuve. Elle a expérimenté que c’est bien vrai : Dieu tient son cœur en permanence tout près de ceux qui sont dans la misère.

Que Notre Dame de Laghet nous aide à croire, à notre tour, qu’à chaque fois que nous traverserons des épreuves, le cœur de Dieu sera toujours près de nous !

Noël 2023

Date de dernière mise à jour : Mer 31 jan 2024