Consécration au Cœur Immaculé de Marie

« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » dit Marie à Jésus. Réponse de Jésus à sa Mère : « Comment se fait-il que vous m'ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon Père ? » Conclusion de l'évangéliste Luc: « Mais ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. »

Marie est sans péché, elle est la personne humaine la plus proche de Dieu ; Joseph n'est pas très loin non plus... et ils ne comprennent pas. Comment voulez-vous que nous arrivions à comprendre Dieu et savoir ce qu'il veut ?

La pureté de Marie était que son cœur n'était rempli que de Dieu ; il n'y a aucune idole en elle, surtout pas elle. En ce sens, elle ressemble à son Fils qui ne regardait que son Père pour nous, ses enfants : nous avons tous le même Père et le même Frère, le Christ. J'aime bien ce titre d'un livre : Et le Verbe s'est fait frère. Être chrétien, c'est écouter le Christ, le Frère, et poursuivre ce qu'il a commencé, pas autre chose. « Faites tout ce qu'il vous dira », dira Marie aux Noces de Cana, devant le manque de vin. Une histoire vraie.

Dans un groupe de partage de foi de gens bien-pensants et aisés - nous sommes aux États-Unis, une personne, peut-être la moins cultivée, en tout cas la plus pauvre, pose cette question : « Si l'on vous arrêtait aujourd'hui parce que vous êtes chrétien, y aurait-il suffisamment de preuves pour vous condamner ? » Stupéfaction chez tous les participants, qui se sont tous regardés, peut-être comme nous aussi aujourd'hui en cette fête paroissiale. Alors bien sûr, chacun se dit : je porte une croix, je prie, j'ai une Bible, je vais même à la messe, nos enfants vont au K.T. ou à l'Aumônerie... oui bien sûr, mais sommes-nous innocents ou coupables d'aimer ?

Coupables d'aimer comme Jésus l'a été, jusqu'à aimer ses ennemis, comme Marie l'a été jusqu'à cette incompréhension de voir son Fils mourir sur la Croix ? La Foi est ce clair-obscur avec une partie évidente, limpide, lumineuse, et avec une partie de nuit, de ténèbres, d'obscur. Le Cœur de Marie a connu la nuit la plus obscure de l'humanité a dit Jean-Paul II. Alors, BARBARA, MAELYS et NICOLAS, vous cheminez vers le baptême, avec GUILLAUME et ROMAIN: on est baptisé dans l'eau, mais surtout dans la foi de l'Église.

La foi de l'Église, c'est quoi ? La foi est toujours une révolte disait un jésuite, Charles Delhez dans Ce Dieu inutile, révolte par rapport à notre monde blessé, abîmé, plein de douleur. La foi est pour les révoltés qui ne se satisfont pas de voir les ténèbres mais aspirent à la vraie Lumière qui est Christ.
La foi est d'abord une passion de vivre. On me dit quelquefois que je suis impatient, que je vais trop vite peut-être, je ressens surtout l'urgence d'une conversion profonde pour chacun d'entre nous, pour la paroisse et ceux qui sont aux périphéries de l'Église. Combien de personnes habitant notre vallée hésite à rentrer dans le bâtiment église ou dans l’Église avec un grand E ? Comment vais-je être accueilli ? se demandent-t-ils. Comment va-t-on me juger ? La foi est une révolte, non pas pour obtenir des avantages personnels, mais une révolte pour que l'autre, les autres puissent trouver le vrai bonheur, le bonheur donné par Dieu. Chrétiens, nous devons d'abord chercher le bonheur des autres. « Que dirait-il, que dirait Dieu, se demandait Charles Péguy, si nous arrivions là-haut les uns sans les autres ? » En ce sens, l'unité d'une paroisse est un signe que nous appartenons bien au Cœur de Marie.

Père Marc Ruiz, Abbaye Notre Dame de la Paix à Castagniers, le 18 juin 2023