Homélie du 9 juillet 2023
Introduction – « Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » dit Jésus en s’adressant à son Père. Étonnant ce Dieu qui se penche vers les petits, les ignorants et délaisse les forts et sages. D’où notre difficulté de rencontrer Dieu, nous voulons être parmi les forts, les savants, ceux qui savent ce qu’il faut faire.
Homélie – « Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » Début des lectures de la Semaine Sainte, des Rameaux, tout le monde applaudit, tout le monde est heureux : « Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! »
Nous sommes tous attirés par la gloire, la puissance, essayant de tirer profit de telle ou telle relation humaine, y compris la relation que l’on a pu construire avec Dieu.
Début de la Semaine Sainte, la fin est moins réjouissante, peut-être parce que nous regardons trop vers le haut … Il nous faut regarder vers le bas, au fond de nous-mêmes, traverser ces zones obscures de faiblesse et de limites qui nous font peur, il faut le dire, pour trouver Dieu. Le « Très-bas », titre d’un livre célèbre de Christian BOBIN, nous faisons l’inverse …
Le Très-haut : nous regardons trop vers le haut, ou plutôt nous regardons mal vers le haut. Nous avons tous le désir de devenir grand, toujours plus grand que nous ne sommes, avoir des promotions, être le premier y compris dans l’Église, paraître important et se montrer. Devenir grand, oui, mais pour devenir quoi, pour devenir qui ?
Que faire alors ? Regarder effectivement vers le Haut, mais comme Jésus nous y invite, « Père, Seigneur du ciel et de la terre », eh bien le Seigneur du ciel et de la terre est un tout petit : nous serons étonné, disent les spirituels, quand nous verrons Dieu, par son humilité (Pape), nous risquons fort de ne pas le reconnaître…
Alors, Regardez vers le haut, non pas pour avoir davantage ou un avantage, mais pour être comme celui qui est aux cieux.
Un spirituel jésuite, Louis LALLEMANT disait : il nous faut débusquer une idée fausse de l’humilité : « certains voient l’humilité “comme quelque chose qui nous ravale” (rabaisse fait descendre,). « C’est tout le contraire. Elle nous donne la vraie connaissance de nous-mêmes, elle est donc pure vérité et, par là-même, nous rapproche de Dieu. Et donc nous donne une vraie grandeur. »
Quand, dans le Magnificat, Marie dit : « Il s’est penché sur son humble servante », la traduction n’est pas très correcte ; il faudrait traduire par il s’est penché sur la petitesse de sa servante. Marie se voyait petite, sinon, cela laisserait à penser que Marie exalte ou reconnaisse son humilité, bref qu’elle se sait humble. La vertu de l’humilité est spéciale : la possède celui qui croit ne pas l’avoir, ne l’a pas celui qui croit l’avoir.
L’humilité est la clé pour aller vers la sainteté, nous le savons bien. Mais, « L’humilité peut seulement arriver dans le cœur qu’à travers les humiliations. Il n’y a pas d’humilité sans humiliations, et si tu n’es pas capable de porter certaines humiliations dans ta vie, tu n’es pas humble. » disait le Pape il y a quelques années (1er février 2016),
Demander à Dieu la grâce de l’humilité, c’est aussi demander à Dieu la grâce de comprendre qu’il n’est pas possible d’être humble sans humiliation. D’où notre difficulté d’être humble.
« Si tu veux savoir ce que nous croyons, dit Saint Augustin, viens voir ce que nous chantons ». Alors, ensemble, chantons : Regardez l’humilité de Dieu …
Père Marc Ruiz, le 9 juillet 2023