Père Marc Ruiz Homélie du 16 juillet 2023

Introduction

Parabole du Semeur, une des plus connues : nous avons vocation à être semé pour recevoir la Parole, et à être semeurs pour annoncer la Parole et en être témoin. Semer c’est aimer, semer c’est donner, semer c’est accueillir la terre sur laquelle nous semons.


Homélie

Nous entendons tous des musiques, des paroles, les nôtres le plus souvent, mais est-ce que nous écoutons ? Dieu nous parle, sa parole est efficace : « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre… c’est-à-dire ce pour quoi pluie et neige sont faits… ainsi ma parole, qui sort de ma bouche ne me reviendra pas… sans avoir accompli sa mission. » La Parole de Dieu est, ici, comparée à la pluie qui donne la vie, dans l’Évangile elle sera comparée et au semeur et à ce qui est semé. Quand Dieu dit, il fait.

Pourquoi alors tant que de reproches à Dieu devant son inaction, son désintérêt et son silence ? Où est le problème ?

La voix de Dieu est toujours là, mais où sont nos oreilles… ? Je parle de l’oreille de notre cœur, de cette partie intérieure, spirituelle, profonde… Derrière les mots, les sentiments, les sensations que nous éprouvons à la surface de nous-mêmes, il y a ce qui touche à notre être profond, à nos déchirures, nos contradictions, nos peurs et nos attentes.

Si on patiente, on reconnaît, peu à peu, ce qui vient de Dieu. Nous jouons notre vie sur l’écoute de la parole de Dieu.

Écouter signifie obéir à Dieu ; dans les langues sémitiques, écouter c’est aussi souffrir, compatir à ce qui est dit. Écouter signifie : est-ce que je compatis aux souffrances de celui qui me parle ? Est-ce que je souffre de ce qui fait souffrir Dieu ?

Qu’est-ce qui fait souffrir Dieu ? Justement dans le fait qu’on ne l’écoute pas, dans notre indifférence à la Parole de Dieu et donc à son Fils Jésus. Qui se souvient des textes de dimanche dernier ? Nous sommes lents, lourds, sourds devant la Parole que Dieu nous lance. Il suffirait seulement de bien écouter, lire, pour sentir la profondeur de ce que Dieu nous dit, et comment il vient à notre aide.

« Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » demandent les disciples. Pourquoi parles-tu à eux en paraboles ? Eux : ce sont les gens en dehors du groupe des disciples. Réponse étrange de Jésus : « À celui qui a, on donnera, et il sera dans l’abondance ; à celui qui n’a pas, on enlèvera même ce qu’il a. Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. » D’après la réponse de Jésus, il y a, deux catégories de personnes : ceux qui ont et qui auront davantage, et ceux qui ont peu et ce peu leur sera enlevé. On se demande vite dans quel groupe nous sommes. Restons-nous sur le seuil de la Parole, hésitant à entrer pleinement dans la Parole de Dieu qui nous est lancée : « Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille. »

Nous sommes lents. Une mystique de la deuxième partie du XXème siècle disait tout étonnée, après 20 ans de nuit obscure et de purification : « Quand je pense qu’il m’a fallu 20 ans, pour apprendre à aimer. » Oui, plus nous grandissons sur le chemin de la sainteté, plus nous mesurons l’importance des obstacles, des boules Quies, ces boules anti-bruit, anti-Dieu que nous avons mis dans nos oreilles… tellement la Parole dérange. On veut bien l’entendre mais atténuée : au fond, on veut bien être chrétien, mais un peu, pas trop.

Un peu comme les disciples : eux-mêmes, n’ont rien compris ! Rappelons-nous leur refus de croire à la mort de leur Maître quand Jésus leur l’annonce par trois fois. Mettons-nous sur la bonne fréquence. Faisons comme Caritas Ukraine : « Semer les graines de la paix malgré la guerre. »

Rien n’est jamais gagné dans notre écoute à la parole de Dieu qui quelquefois devra se battre pour ne pas être piétiné par le Mauvais, pour grandir sur un sol pierreux où la terre peu profonde symbolise notre manque de profondeur, pour ne pas être étouffé par les ronces, symbole des attractions et séductions du monde. Ne soyons pas découragés devant le temps que prend l’adaptation de notre oreille à la Parole. Mettons-nous sur la bonne fréquence. Faisons comme Caritas Ukraine : « Semer les graines de la paix malgré la guerre. »

Notre cœur est divisé, notre écoute fluctue suivant les moments.

Le semeur c’est Jésus, il sème ce qu’il est La Parole de Dieu, il se donne à nos cœurs de manière totale. Nos cœurs sont complexes : « Le cœur de l’homme est compliqué et malade ! » dit le prophète Jérémie.

Père Marc Ruiz, le 16 juillet 2023

Date de dernière mise à jour : Lun 17 juil 2023