Homélie du 15 août 2023

ASSOMPTION

Je vais partir, vous le savez, je ne suis pas le seul, Marie part aussi, elle quitte Nazareth. Elle vient d’apprendre de l’Ange Gabriel qu’elle va devenir la Mère du Fils de Dieu. On pourrait la croire alors en extase, c’est tout le contraire.

Marie s’occupe des autres… et vite, c’est sa vocation, la nôtre aussi. « En ces jours-là, nous dit l’Évangile, Marie se mit en route et se rendit avec empressement … vers la région montagneuse, dans une ville de Judée », près de Jérusalem, à une distance de 160 km environ ; c’était aussi le thème des J.M.J. qui se sont terminées dimanche dernier à Lisbonne : « Marie se leva et s’en alla en hâte » : « Impossible de rester immobile » ! disait le Pape avant les J.M.J., « Qui n’avance pas recule » disent les spirituels ; et en Formule 1, on dit : stagner c’est régresser.

En hâte : c’est la marque de la sainteté, pas de distance entre la demande de Dieu et notre réponse. Alors, Marie part seule, sans Joseph, sans rien lui dire, elle part avec son secret. Elle laisse faire Dieu, Laisser faire Dieu demande beaucoup d’effort, de courage, de solitude et de patience tellement nous avons envie d’agir par nous-mêmes. Dieu n’attend pas de nous que nous fassions ce qu’il demande, mais qu’on le laisse faire en nous ce qu’il demande. C’est Lui qui agit, pas nous. Quelquefois, je me demande si nous chrétiens, nous pensons que Dieu existe, tellement nous faisons tout par nous-mêmes. Témoignage d’une jeune tourrettane aux J.M.J. qui s’est laissée faire par Dieu : « Pendant ce séjour j’ai ressenti des émotions indescriptibles… je me souviens de la première fois que j’ai pris l’hostie à Fatima, c’était à la première messe, la première connexion avec Dieu, je me souviens avoir pleuré ce jour-là, c’était très émouvant. Merci pour cette belle expérience. »

Retrouvons Marie sur son chemin : Marie ne dit pas Oui à une demande ponctuelle de Dieu, être la Mère du Sauveur, mais au chemin que Dieu lui propose, avec l’imprévu de tout voyage, la solitude devant ce qui arrive, et, au retour, la réaction de Joseph. Mais chemin joyeux : joie de faire la volonté de Dieu, une joie profonde, toujours cachée aux yeux des autres, y compris des autres croyants ou même de nos proches qui ne comprennent pas ; plus nous sommes proches de Dieu, moins n’est compris et plus on est seul avec Dieu.

La Visitation en est un exemple. Marie arrive chez sa cousine Elisabeth enceinte de 6 mois. La Visitation est une affaire de femmes enceintes et d’enfants à naître : « lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. » Mais la Visitation c’est plus que cela, la Visitation c’est surtout l’affaire de Dieu ; quand Dieu s’approche de nous et nous visite à l’intérieur de nous-mêmes pour guérir nos blessures, affronter nos limites et réaliser nos vrais désirs. Voilà la Visitation authentique, souvent comprise que de la personne à qui Dieu rend visite. Dans un livre récent, l’auteur rappelle que les musulmanes, au cours des siècles, se rendaient, à Jérusalem, sur le tombeau de Marie, Dame Marie, pour lui réclamer un enfant.

OUI, Marie sera toujours du côté des humiliés et des affamés, et Dieu nous visite quand nous demandons à Marie : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » : ces merveilles, Marie ne les garde pas, elle nous les donne et nous les offre. Marie quitte Nazareth, elle n’est pas seule, elle est accompagnée par tous ceux qui se tourneront un jour vers elle pour demander son aide. Tournons-nous vers elle, elle attend notre visite.