Le temps de l'Avent Méditations sur l' Avent

2ème dimanche de l'Avent

3ème dimanche de l'Avent

4ème dimanche de l’Avent


1er dimanche de l'Avent

L’ Avent commence le quatrième dimanche avant le 25 décembre. Ce mot vient de « Adventus », qui signifie « Celui qui vient » en latin. Pendant cette période, nous nous préparons donc à célébrer la venue du Christ à Bethléem il y a deux mille ans, mais aussi sa venue dans le coeur des hommes de tous les temps, et son avènement dans la gloire à la fin des temps : « Il est venu, Il vient, Il reviendra ! ». Ainsi, avec le peuple juif nous pouvons revivre l’attente de la venue du Messie, mais aussi nous mettre dans la hâte de l’avènement eschatologique* du Christ. (*du grec eskata: la fin des temps).

Comme le Carême, l’Avent est une période préparatoire à une grande fête, mais malgré leur ressemblance, ces deux temps sont assez différents. La préparation de Noël ne se fait pas de la même manière que celle du mystère pascal par le Carême, qui est un temps de préparation baptismale et de repentir marqué par le jeûne. L’Avent, quant à lui, est un temps d’espérance et une invitation au réveil spirituel et à la conversion de vie.

Vivre l’attente en pratique

Cette préparation des coeurs peut passer par des choses pratiques telles l’installation de la crèche, du sapin, d’une couronne sur la porte d’entrée, etc., mais elle est avant tout intérieure et intime. L’essentiel se passe dans le secret des coeurs. Ainsi, nous pouvons essayer de le purifier en recevant d’un prêtre le sacrement de réconciliation et le pardon de Dieu pour nos péchés, en nous passant de choses secondaires (télévision, Internet, soirées trop superficielles…) pour mieux nous fixer sur l’Essentiel ; cet Essentiel qui est d’attendre la venue du Sauveur. Ce temps de l’Avent est aussi une occasion pour nous de prier, lire la bible (Trio biblique), contempler la nature, prendre soin des autres… Aimer comme Il aime, c’est ce qui conduit à la vie éternelle. Pourquoi donc ne pas donner un coup de main à la voisine âgée qui aurait besoin d’aide pour faire ses courses, parler 5 minutes avec celui à qui on ne dit jamais bonjour, retrouver une personne perdue de vue, se réconcilier, pardonner… ?

Attendre l’Enfant Jésus avec les saints

Saint Jean-Baptiste est le prophète de l’attente par excellence, puisque c’est lui qui appelle sans cesse le peuple à se convertir pour accueillir le Messie de Dieu. Il prépare les chemins du Seigneur, il montre l’Agneau de Dieu, le Christ, qui s’approche de nous. Avec lui, nous pouvons marcher dans les pas de Celui qui vient. La Vierge Marie tient également une place toute particulière dans l’attente, Elle qui a su garder en son sein le Christ et L’accueillir au coeur de sa vie. Qui d’autre mieux que Marie, dans l’attente de la naissance de son Fils, peut montrer à l’Église, et donc à nous-mêmes, comment disposer nos coeurs à Le recevoir ? Avec Elle, nous pouvons entrer dans la confiance. Puisque nos coeurs sont dans l’attente et appelés à se convertir pour mieux accueillir le Christ, quelques « signes » liturgiques nous aident à cela. Le Gloria, chant des anges la nuit de Noël, n’est plus chanté à la messe du dimanche. Ainsi, il est « réservé » pour cette fête, comme pour mieux le retrouver. La liturgie est plus sobre, les chants plus méditatifs, intérieurs… Les prêtres revêtent également des habits liturgiques violets, qui est la couleur de la « pénitence » dans l’Église, signe et outil de conversion. L’Eglise est toujours tournée vers une joie plus grande qu’est l’accueil de Dieu dans notre humanité. Or, c’est bien ce que nous célébrerons à Noël et c’est pour cela que nous disposons nos coeurs à préférer Jésus à toute chose. À chacun de trouver comment être prêt le jour J pour accueillir l’invité par excellence : Dieu fait homme qui s’invite dans nos vies. Nous pouvons demander l’aide des saints, de la Vierge et de saint Joseph, qui ont préféré Dieu à toute autre chose, pour nous préparer à recevoir l’Enfant Jésus en entrant dans l’abandon et la confiance.

« Veillez pour être prêts ». Belle attente du Seigneur !

Source: Liloye Navarre


2ème dimanche de l'Avent

Comme nous l’avons expliqué le mot “Avent” vient du latin adventus qui signifie “venir” ou “arrivée”. Il fait d’abord référence à la première venue du Christ le jour de sa naissance. Toutefois, la période de l’Avent peut évoquer deux autres venues de Jésus que décrit remarquablement saint Bernard de Clairvaux dans un sermon pour l’Avent : “Ainsi dans le premier avènement, Jésus-Christ vient dans notre chair et dans notre faiblesse ; dans celui qui tient le milieu, il vient en esprit et en vérité, et dans le dernier il apparaît dans sa gloire et dans sa majesté.”

Cette explication peut être résumée de la manière suivante :
- La première venue de Jésus correspond à sa naissance à Bethléem.
- La seconde est la révélation à chacun, au cours de notre vie sur la terre.
- La troisième, son retour dans le monde à la fin des temps.

Saint Bernard poursuit son homélie en s’attardant sur le lien entre ces trois avènements : "Le second avènement est donc comme la voie qui conduit du premier au troisième. Dans le premier, Jésus-Christ est notre rédemption ; dans le dernier, il sera notre vie, et dans celui du milieu, pour que nous puissions dormir entre ses deux héritages, se trouvent notre repos et notre consolation. » « Ne croyez pas que ce que je vous dis- là sur l'avènement du milieu soit une invention de ma part », prévient ensuite saint Bernard. Écoutez, en effet, ce que Seigneur dit lui-même : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole et mon Père l'aimera et nous viendrons en lui (Jn 14,23). » Cette venue “du milieu”, c’est l'arrivée du Christ dans la vie de chaque croyant. L’Église précise que cette venue se fait à travers les sacrements, en particulier le baptême et la communion. Ce n’est pas une venue physique mais une venue spirituelle par laquelle Jésus fait de l’âme Sa demeure. À chaque Avent, les chrétiens se préparent ainsi à honorer les trois venues de Jésus. D’abord en célébrant sa naissance, puis en préparant leurs cœurs à le recevoir spirituellement maintenant et à le rencontrer à l’heure de la Parousie, à la fin des temps.

Alétéia


3ème dimanche de l'Avent

La joie chrétienne : quand Dieu comble notre coeur !

La joie chrétienne est bien différente du plaisir futile et superficiel éprouvé parfois en mangeant du chocolat ou allongé dans un transat au cours d’une croisière en Méditerranée. Comme le réaffirme le pape François, « la joie chrétienne n’est pas de vivre d’éclats de rire en éclats de rire » non plus. C’est une joie spirituelle profonde et durable. C’est une « grave allégresse », c’est-à-dire une joie sérieuse, justifiée. Celle-ci, nous la cherchons tous puisqu’en notre coeur est imprimée une aspiration à la trouver : « l’homme est né pour la joie » (Pascal).

Aux sources de la joie

La joie chrétienne trouve tout d’abord son origine dans la certitude de l’amour de Dieu. En effet, Dieu nous a créés par amour et continue à prodiguer sa tendresse au long des jours. Le salut est déjà accordé : par sa mort et sa Résurrection, le Christ nous a libérés du péché et de la mort. Désormais, par le baptême, la vie éternelle est déjà commencée ; le meilleur est devant nous ! C’est l’éternité bienheureuse qui nous attend. Dès lors, « la vie que Dieu donne à l’homme est bien plus qu’une existence dans le temps, c’est une tension vers une plénitude de vie » (Jean Paul II). Le peuple de Dieu tire donc sa joie du mystère pascal, c’est pourquoi, comme l’écrivait Bernanos, « le secret du christianisme, c’est la joie, la joie sans précédent et sans équivalent de Pâques ».

À l’épreuve de l’existence humaine

La grandeur de la joie chrétienne ne fait pas pour autant perdre leur valeur aux joies quotidiennes. Au contraire, « les humbles joies humaines qui sont dans nos vies comme les semences d’une réalité plus hautes sont transfigurées » et « ces dernières sont exaltées » par la joie chrétienne. En effet, si la joie chrétienne trouve son origine dans le mystère pascal, alors elle est nécessairement liée à celui de la Croix. C’est la raison pour laquelle, on pourrait la comparer parfois à la joie de l’enfantement : la joie de mettre au monde passe toujours par les douleurs de l’accouchement. L’exemple des saints est révélateur à ce sujet. Le but pour lequel nous sommes créés nous indique la voie parsemée aussi de multiples épines, mais non une voie triste : elle est joie même à travers la souffrance ».

La joie, don de Dieu

La joie chrétienne n’est pas une construction humaine, elle ne dépend pas des circonstances : elle est donnée. C’est par l’abandon à Dieu que se déploie ce don de l’Esprit-Saint. Jésus déclare : « Votre joie, personne ne vous l’enlèvera » (Jn 16, 22). La joie chrétienne est donc une participation à la joie divine et plus particulièrement à la joie qui est au coeur du Christ glorifié. Elle est capable de combler pleinement le coeur de l’homme. Claire de Castelbajac, dont la cause en béatification est en cours d’instruction, écrivait à vingt-et-un ans que « la joie des enfants de Dieu c’est quand Dieu prend plus de place dans ton âme que tout le côté humain et désespérant ».

Une dimension ecclésiale et sacramentelle

Cette joie est destinée à être vécue au sein de l’Église, de l’Église domestique, la famille, jusqu’à l’échelle de l’Église universelle. Car elle « a pour vocation d’apporter au monde la joie, une joie authentique qui demeure » (Benoît XVI). Bernanos écrivait que « le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste » car c’est la joie du peuple de Dieu tout entier qui rayonne. Si la joie chrétienne est si intrinsèquement liée à l’Église, c’est parce que c’est en son sein que les sacrements sont prodigués. Dans les sacrements, en effet, la grâce de Dieu est tout particulièrement donnée en abondance, source de notre joie. Par ailleurs, l’Église nous introduit au coeur de la liturgie qui est « par excellence le lieu où s’exprime cette joie que l’Église puise dans le Seigneur et transmet au monde ». La joie chrétienne est donc nécessairement vécue au coeur de la communauté des baptisés. Ainsi, ce qui nous comble en plénitude et durablement, c’est la joie que nous recevons de Dieu en s’abandonnant à Lui et en s’ouvrant à sa Vie. Cette joie est prémice de la joie éternelle qui nous attend dans l’éternité, avant-goût des biens futurs. Mais, dès à présent, elle est donnée afin « qu’éclate partout la joie du monde [et] qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu ».

Claire Lethu


4ème dimanche de l’Avent

La vierge et l'enfant

Parmi les beaux textes que j’ai lus jusqu’à maintenant sur la Nativité, j’aime paradoxalement citer ce texte de Sartre, athée militant, fondateur de l’existentialisme français. Nous sommes en 1940, en Allemagne, dans un camp de prisonniers français. Sartre a trente-cinq ans. Des prêtres demandent à Sartre qui est prisonnier avec eux depuis quelques mois et qui a un réel talent d'écrivain, de rédiger une petite méditation pour la veillée de Noël. Sartre, l'athée, accepte et leur fait cadeau des merveilleuses lignes ci-après.

« La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage, c’est un émerveillement anxieux, qui n’apparut qu’une seule fois sur une figure humaine, car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois. Elle lui donna le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : « mon petit » ! Mais à d’autres moments, elle demeure toute interdite et elle pense : « Dieu est là », et elle se sent prise d’une crainte religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant, parce que toutes les mères sont ainsi arrêtées par moment, par ce fragment de leur chair qu’est leur enfant, et elles se sentent en exil devant cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent les pensées étrangères. Mais aucun n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère, car Il est Dieu et Il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une rude épreuve pour une mère d’avoir crainte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments rapides et glissants où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « ce Dieu est mon enfant ! Cette chair divine est ma chair, Il est fait de moi, Il a mes yeux et cette forme de bouche, c’est la forme de la mienne. Il me ressemble, Il est Dieu et Il me ressemble ». Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit, et c’est dans ces moments là que je peindrais Marie si j’étais peintre, et j’essayerais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant Dieu dont elle sent sur les genoux le poids tiède, et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie. Et Joseph. Joseph ? Je ne le peindrais pas. Je ne montrerais qu’une ombre au fond de la grange et aux yeux brillants, car je ne sais que dire de Joseph. Et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer. Il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu. Combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu est venu dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté, et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera d’apprendre à accepter. Joseph ne sait que dire de lui-même : il adore et il est heureux d’adorer ».

Jean-Paul Sartre, Méditation à l’approche de Noël, « Son lait deviendra le sang de Dieu »

Huit parcours pour vivre pleinement l’Avent

Date de dernière mise à jour : Jeu 19 déc 2024